Le culte de saint Jacques en Argentine

Voici la publication d'un article que j'ai traduit sur le culte de saint Jacques en Argentine aujourd'hui

 

http://www.saint-jacques-compostelle.info/Le-Jacobeo-austral-est-en-marche_a81.html

 

Le Jacobéen autral est en marche

L’Argentine célèbre en janvier la fête de saint Jacques du 25 juillet, avec le botafumeiro et l’embrasement de façade.

 

Article de José Luis Estévez, Buenos Aires, 10-02-10

Traduction Hélène Grinberg

 

Ils ne peuvent pas faire le Camino Frances, ni le Camino Ingles, ni aucune autre route similaire à cause de la distance ; pourtant les Galiciens émigrés en Argentine et leurs descendants ne laissent pas, pour autant, passer la célébration de l’Année Sainte. Tandis qu’en Galice, les célébrations jacobéennes affichent toute leur splendeur au cours de l’été, au pays autral, c’est en janvier qu’on rend hommage à l’Apôtre Jacques.Villa Gesell prévoit d’élever un portail comme celui de la cathédrale de Compostelle. Dans les rues de Buenos Aires, on marche en l’honneur de Saint Jacques. Il y a quelques jours en effet, la confrérie - dont le siège se trouve sur la côte, à Villa Gesell - a donné le départ des festivités. Le 25 janvier équivaut en effet, dans le calendrier autral, au 25 juillet en Galice. C’est ainsi que, pendant quelques jours, on fête l’Apôtre saint Jacques à l’autre bout du monde. Depuis 1996, cette célébration reproduit, à une échelle plus modeste, pratiquement l’ensemble du rituel de Compostelle, avec le botafumeiro, le pèlerinage le long de la plage et l’embrasement de la façade de l’église.

Villa Gesell devient alors un véritable foyer touristique. On s’y repose, en cet été austral, de l’activité quotidienne de Buenos Aires, la capitale située à 400 km. Villa Gesell possède une église consacrée à saint Jacques, mais qui n’est pas totalement achevée. On a prévu en effet d’y ajouter un portail qui serait une réplique du chef d’œuvre roman de la cathédrale de Santiago avec les statues des douze apôtres. Le botafumeiro qu’on utilise lors des festivitsés a été réalisé de manière artisanale ; il comporte une centaine d’orifices par lesquels s’échappe l’encens. Il n’est pas en argent mais en fer et pèse 120 kilos. Il peut être manié par seulement trois tiraboleiros. Cette année, on l’a activé sur les accords du Messie, un opéra de Haëndel.

 

José Roméro, président de l’Association « Saint Jacques Apôtre » de Villa Gesell, explique que la célébration est réalisée dans le même esprit que celle de Galice, avec quelques « petites différences » néanmoins : la musique qui accompagne symboliquement les actes religieux n’est pas tout à fait identique à celle de Compostelle ; elle comporte en effet des relents de gaitas et de flamenco. Parce qu’en Argentine, on confond ce qui est typiquement galicien avec ce qui vient d’Espagne plus généralement. A Villa Gesell, on trouve en effet toutes les communautés venues de la péninsule, et donc toutes les spécialités gastronomiques, depuis la cuisine galicienne jusqu’à une cuisine plus « internationale » qui propose paëlla ou steak de chorizo. Tout comme en Galice, la nourriture tient une place importante dans la fête ; c’est pourquoi les plats typiques sont très appréciés des touristes.

 

Villa Gesell constitue l’épicentre argentin du culte à l’Apôtre Saint Jacques. C’est le seul endroit où l’on trouve une confrérie jacobéenne. Mais les adeptes de saint Jacques sont nombreux dans le reste du pays. A Buenos Aires, où vit la majorité des Galiciens émigrés et leurs descendants, la Communauté des Santiaguistas de la Boca rend aussi hommage au saint patron par des marches organisées à travers la ville. Un des itinéraires les plus originaux est celui qui conduit les « pèlerins » du quartier de la Boca au stade de River Plate. Le point de départ et le lieu d’arrivée sont les sièges des deux équipes rivales de football. Il y a deux ans, on a invité au pèlerinage du 25 juillet les membres du Tercio de Gallegos de Buenos Aires, garde d’honneur qui évoque la mémoire des Galiciens qui ont défendu, au XVIIIè siècle, Buenos Aires, contre l’invasion des Anglais. L’itinéraire de cette année conduira les pèlerins, le 25 juillet, de la Boca à la Place de Mai.

Parmi les membres les plus actifs de l’association, on trouve Roberto Naones et le peintre coruñes (de la Coruña) Manuel Cordeiro. Ce dernier a réalisé différents étendards aux motifs religieux qu’on utilise lors des célébrations. Il est toujours présent aux événements sociaux ou culturels en lien avec la Galice.

Outre le culte à l’Apôtre, l’association s’est engagée dans le développement éducatif du quartier de la Boca. Elle a récupéré un ancien site industriel (la Barraca Peña) fondé par les Galiciens au XVIIIè siècle. Certes, l’association n’a pas beaucoup de moyens ni de liens avec les institutions galiciennes ; mais la figure de l’Apôtre apporte à ses membres, durant toute l’année, suffisamment d’enthousiasme. Aussi, le Jacobéen autral nous réserve-t-il certainement encore bien des surprises.


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