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"Carnaval et religiosité dans les Andes équatoriennes", Dijon, 2007

Résumé de ma conférence donnée à Dijon, le 12 février 2007, dans le cadre de l'Association France-Amérique-Bourgogne.

 

          ‬Carnaval et religiosité dans les Andes‭: ‬les métamorphoses d‮’‬un saint‭.

 

 Pourquoi saint Jacques‭, ‬patron de l‮’‬Espagne catholique‭, ‬est-il devenu‭, ‬dans une région de la cordillère des Andes‭, ‬l‮’‬allégorie et le saint patron du Carnaval‭?

             Saint Jacques est‭, ‬depuis le Moyen-Age‭, ‬un saint aux personnalités multiples‭. ‬Apôtre‭, ‬mais également pèlerin‭, ‬il adopte‭, ‬à l‮’‬époque de la Reconquête espagnole‭, ‬les traits d‮’‬un cavalier qui pourfend le ciel sur son cheval blanc apportant aux chrétiens la victoire sur les musulmans‭. ‬Les légendes sur ses apparitions se multiplient‭.

             A leur tour‭, ‬les Conquistadors imposent aux peuples amérindiens la figure de leur champion‭. ‬Ses interventions miraculeuses s‮’‬accompagnant toujours de violentes déflagrations qui rappellent celles du tonnerre‭, ‬les populations le confondent rapidement avec les dieux incaïques‭, ‬Viracocha ou Illapa‭, ‬dont le retour doit les aider à résister aux nouvelles croyances‭. ‬Car ces divinités chtoniennes‭, ‬associées à la foudre et à la pluie‭, ‬sont aussi considérées comme les ancêtres de leurs communautés‭. 

            Objet d‮’‬un culte désormais syncrétique‭, ‬saint Jacques incarne aujourd‮’‬hui‭, ‬dans les Andes équatoriennes‭, ‬et de manière plutôt inattendue‭, ‬la figure emblématique du Carnaval‭. ‬Quel sens renferme cette étrange métamorphose fondée sur des rêves et des visions qu‮’‬alimente toujours l‮’‬image du cavalier surgissant au sommet d‮’‬une colline‭? ‬Quels en sont les enjeux‭, ‬les défis‭?‬

             Toujours perçu par les populations indiennes comme l‮’‬esprit d‮’‬un ancêtre émanant des accidents de la nature‭, ‬le saint doit apporter‭, ‬en échange des rituels d‮’‬offrandes qui lui sont adressés‭, ‬prospérité et régénération‭. ‬Mais récemment‭, ‬des Indiens ont préféré remplacer les rites du Carnaval par des manifestations folkloriques‭. ‬Celles-ci ont perdu toute efficacité symbolique mais représentent pour eux un moyen de revendication de leur identité‭ ‬‮“‬ethnique‮”‬‭, ‬dont ils se sentent‭, ‬depuis‭  ‬longtemps‭, ‬dépossédés‭.  

             A l‮’‬inverse‭, ‬pour les populations urbaines‭, ‬dont la religiosité est plus métissée encore‭, ‬le Carnaval est l‮’‬occasion‭, ‬à travers le culte de son‭ ‬‮“‬saint patron‮”‬‭, ‬d‮’‬affirmer leur identité‭ ‬‮“‬catholique‮”‬‭. ‬Au grand dam de l‮’‬Eglise officielle que l‮’‬aptitude des fidèles à instrumentaliser les référents religieux incite aujourd‮’‬hui à remettre de l‮’‬ordre dans des croyances considérées comme trop‭ ‬‮“‬populaires‮”‬‭. 


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