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Lettre au ministre, 2008

Courrier adressé au ministre de l'Education Nationale, le 16 octobre 2008                                                 Monsieur Xavier DARCOS

Ministre de l’Education Nationale,

 

                                                                                    Monsieur,

 

Je profite de la rencontre que nous avons eue, ce soir, à Neuilly, pour évoquer quelques-unes des difficultés de terrain qui persistent, au sein de nos établissements scolaires, et ce, malgré tous les efforts entrepris par notre gouvernement et votre ministère.

A la suite des élections de 2007, nous avions placé beaucoup d’espoir dans les changements qui allaient s’opérer pour améliorer notre système scolaire. Dans mon établissement, des dispositifs nouveaux (en particulier l’accompagnement éducatif) ont été mis en place. Mais les résultats de tant d’investissements seront-ils à la hauteur de nos espérances ? Mon sentiment est que, sur le terrain, les nouveautés viennent se greffer sur un contexte où tout n’est pas réellement mis en œuvre pour qu’elles soient efficaces.

La concertation y est réduite à sa plus simple expression, le travail reste principalement individuel. Les objectifs concrets à atteindre sont très imprécisément définis à l’avance. Les bilans (quand ils existent) ne sont pas suffisamment approfondis pour que de nouvelles initiatives puissent s’ajouter. Toutes les activités, enfin, restent à tel point cloisonnées qu’il semble parfois vain de multiplier les réformes alors que celles qui ont été votées ne sont encore appliquées que très imparfaitement. Je pense, en particulier, à la loi sur les remplacements : les propositions en sont faites par la direction dans un cadre très restreint, et l’ensemble des collègues n’y est malheureusement pas associé.

Lorsque la direction affirme : « Votre mission, c’est la transmission des savoirs », entend-elle par là que mon rôle, pour ne prendre que mon exemple, se limite à des interventions devant les élèves. Les responsabilités « annexes » - professeur principal (dont les devoirs seraient à redéfinir) ou coordinateur d’une équipe pédagogique - semblent n’avoir aucune utilité dans cette mission et le grade d’agrégé ne permet pas, apparemment, de participer aux dispositifs d’aide et soutien ou de DSA. En huit ans, je n'ai pu enseigner qu'une année en classe de 3ème ! Les délégations syndicales veillent apparemment à ce que les mêmes personnes (ou les nouveaux sympathisants) soient reconduites dans les mêmes fonctions et que rien - pas même un atelier de méthodologie - ne vienne déstabiliser l’équilibre existant. Etre un enseignant de droite ne constituerait-il pas, tout simplement, un handicap ?

Il est regrettable que notre système ne nous permette pas d’avoir, avec les chefs d’établissement, un entretien préalable qui les informerait des compétences de chacun; nous pourrions leur faire part de nos objectifs et des moyens que nous souhaitons mettre en œuvre, nous leur exposerions nos projets de formation, nous effectuerions avec eux des bilans individuels (à défaut de bilans collectifs)...

Mon rêve serait que nous puissions mettre en place de véritables équipes pédagogiques dans lesquelles tous les talents seraient mis en valeur, dans lesquelles chaque enseignant pourrait diversifier et enrichir ses compétences afin que les échanges deviennent réellement fructueux et favorables à la réussite de nos élèves.

Les programmes en vigueur et à venir, les méthodes d’enseignement mais aussi l’évolution de la société et les difficultés que rencontrent un grand nombre de nos élèves auraient déjà dû nous conduire à développer un tel système. On pourrait alors définir ensemble des objectifs, mutualiser nos préparations, nos pratiques mais aussi nos évaluations afin de les harmoniser (les écarts de notes entre le contrôle continu au collège et les résultats obtenus au brevet sont, à ce sujet, assez inquiétants). Nous pourrions ainsi lutter de manière plus efficace contre l’échec scolaire et orienter, ensemble et d’une manière plus pertinente, nos élèves.

Qui peut inciter les établissements à mettre en place ces structures sinon l’Etat en négociant, comme il se doit, avec les syndicats, si puissants dans l’Education Nationale ? La nouvelle formation des futurs enseignants et des futurs chefs d’établissement ne devrait-elle pas également prendre en compte cette dimension qui semble aujourd’hui incontournable : la nécessité d’un travail d’équipe, fondé sur la réelle motivation de chacun (sans exception) à participer à un projet clairement défini, la mise en commun de compétences complémentaires et la mobilité au sein du groupe?

Voici, Monsieur le Ministre, les quelques réflexions que mon vécu d’enseignante m’a dictées en ce jour. Des dysfonctionnements grippent encore notre système scolaire alors même que des changements importants sont actuellement engagés par votre ministère pour le rendre plus performant. (...)

Dans l’espoir que vous serez attentif à quelques-unes de ces remarques, je vous prie, Monsieur le Ministre, d’agréer l’expression de mes salutations respectueuses.

 

 

Réponse de Monsieur le Ministre: 

 

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